ATTAC (Association pour
une Taxation sur les Transactions financières et l'Action Citoyenne) est
un réseau citoyen international né à Paris en juin 1998 et décidé à
reconquérir les espaces perdus par la démocratie au profit de la sphère
financière. A la mondialisation actuelle, exclusivement économique et
financière, ATTAC entend opposer une mondialisation prenant comme critère
premier l'ensemble des intérêts citoyens.
ATTAC Wallonie-Bruxelles regroupe les sections locales francophones et
germanophones de Belgique au sein d'une coordination formée de
représentants des locales.
Attac Charleroi
charleroi.info+attac+be
Plate-forme adoptée par la réunion internationale des 11 et 12 décembre
1998.
La mondialisation financière aggrave l’insécurité économique et les
inégalités sociales. Elle contourne et rabaisse les choix des peuples, les
institutions démocratiques et les Etats souverains en charge de l’intérêt
général. Elle leur substitue des logiques strictement spéculatives
exprimant les seuls intérêts des entreprises transnationales et des
marchés financiers.
Au nom d’une transformation du monde présentée comme une loi naturelle,
les citoyens et leurs représentants se voient disputer le pouvoir de
décider de leur destin. Un tel abaissement, une telle impuissance
nourrissent la progression des partis antidémocratiques. Il est urgent
d’enrayer ce processus en créant de nouveaux instruments de régulation et
de contrôle aux niveaux national, européen et international. L’expérience
indique assez que les gouvernements ne le feront pas sans qu’on les y
incite. Relever le double défi d’une implosion sociale et d’une
désespérance politique exige donc un sursaut civique et militant.
La liberté totale de circulation des capitaux, les paradis fiscaux et
l’explosion du volume des transactions spéculatives acculent les Etats à
une course éperdue en faveur des gros investisseurs. Plus de 100 milliards
de dollars vont et viennent chaque jour sur les marchés des changes à la
recherche d’un profit instantané, sans rapport avec l’état de la
production et du commerce des biens et services. Une telle évolution à
pour conséquences l’accroissement permanent des revenus du capital au
détriment de ceux du travail, la généralisation de la précarité et
l’extension de la pauvreté.
Les conséquences sociales de ces évolutions sont encore plus graves dans
les pays dépendants, touchés de plein fouet par la crise financière et
soumis aux diktats des plans d’ajustement du F.M.I. Le paiement des dettes
publiques oblige les gouvernements à abaisser au minimum les budgets des
services sociaux et condamne les sociétés au sous-développement. Les taux
d’interêt, beaucoup plus élevés que dans les pays du Nord, contribuent à
détruire les entreprises nationales et se développent des privatisations
et dénationalisations sauvages pour trouver les ressources exigées par les
investisseurs.
Partout, les acquis sociaux sont remis en cause. Quand il existe des
systèmes de retraite, les salariés sont invités à les troquer contre un
mécanisme de fonds de pension, lequel aboutit à soumettre un peu plus
leurs propres entreprises aux seuils impératifs de la profitabilité
immédiate, à étendre la zone d’influence de la sphère financière et à
persuader les citoyens de l’obsolescence de constructions solidaires entre
nations, peuples et générations. La déréglementation touche l’ensemble du
marché du travail, avec comme conséquences la dégradation des conditions
de travail, la montée de la précarité et du chômage et le démantèlement
des systèmes de protection sociale.
Au prétexte du développement économique et de l’emploi, les grands pays
n’ont pas renoncé à signer un ACCORD MULTILATERAL SUR LES INVESTISSEMENTS
(AMI) qui donnerait tous les droits aux investisseurs et imposerait tous
les devoirs aux Etats. Devant la pression de l’opinion publique et de la
mobilisation militante, ils ont dû abandonner leur projet de négocier cet
accord dans le cadre de l’OCDE, mais la discussion devrait reprendre dans
le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce. Dans le même temps les
USA, mais aussi la Commission européenne, poursuivent leur croisade
libre-échangiste en poussant à la création de nouvelles zones
déréglementées, au niveau continental ou intercontinental (projet du
Parténatiat Economique Transcontinental, PET, entre l’Europe et l’Amérique
du Nord)
La plupart des engrenages de cette machine inégalitaire, entre le Nord et
le Sud comme au cœur des pays développés eux-mêmes, peuvent encore être
enrayés. Trop souvent, l’argument de la fatalité se nourrit de la censure
de l’information sur les alternatives. C’est ainsi que les institutions
financières internationales et les grands médias (dont les bénéficiaires
de la mondialisation sont souvent propriétaires) ont fait silence sur la
proposition de l’économiste américain James TOBIN, prix Nobel d’économie,
de taxer les transactions spéculatives sur les marchés des devises. Même
fixée à un taux particulièrement bas de 0.1%, la taxe Tobin rapporterait
près de 100 milliards de dollars par an. Collectée, pour l’essentiel, dans
les pays industrialisés, où sont localisées les grandes places
financières, cette somme pourrait être utilisée pour les actions de lutte
contre les inégalités, pour la promotion de l’éducation et de la santé
publique dans les pays pauvres, pour la sécurité alimentaire et le
développement durable. Un tel dispositif s’inscrit dans une perspective
clairement anti-spéculative. Il alimenterait des logiques de résistance,
redonnerait des marges de manœuvre aux citoyens et aux Etats et, surtout,
signifierait que le politique reprend le dessus. A cette fin, les
signataires se proposent de participer ou de coopérer avec le mouvement
international ATTAC pour débattre ensemble, produire et diffuser de
l’information, et agir en commun, tant dans leurs pays respectifs qu’aux
niveaux continental et intercontinental. Ces actions communes ont pour but
:
- d’entraver la spéculation internationale
- de sanctionner les paradis fiscaux
- d’empêcher la généralisation des fonds de pension
-
de promouvoir la transparence des investissements dans les pays
dépendants
-
d’établir un cadre légal pour les opérations bancaires et financières,
afin de ne pas pénaliser les consommateurs, - encore plus, - les
consommateurs et les citoyens (les salariés des institutions bancaires
pouvant jouer un rôle important dans le contrôle de ces opérations).
-
d’appuyer la revendication de l’annulation générale de la dette publique
des pays dépendants et l’utilisation des ressources ainsi libérées en
faveur des populations et du développement durable, ce que beaucoup
appellent le règlement de la "dette sociale et écologique"
D’une manière générale, il s’agit :
-
de reconquérir les espaces perdus par la démocratie au profil de la
sphère financière
-
de s’opposer à tout nouvel abandon de souveraineté des Etats au nom du
prétendu "droit" des investisseurs et des marchands
- de créer, au niveau mondial un espace démocratique.
Il s’agit tout simplement de se réapproprier ensemble l’avenir de notre
monde.
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